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Que l’on soit du Cameroun, du Congo ou du Burkina Faso, l’équation reste bien difficile à résoudre. La pauvreté, le chômage et la mauvaise gestion des affaires d’Etat font partie des plaies mortelles présentes dans nos sociétés. Le Retour de Yembi, roman du burkinabé Pierre-Claver Ilboudo revisite de manière vivante ces réalités d’Afrique. Sa publication aux éditions Clé se fera en 1994, et c’est au travers de 20 chapitres que la description de l’inactivité s’impose sans fioritures au lecteur.
Le Retour de Yembi, c’est l’histoire d’un jeune burkinabé qui retourne dans son pays natal après de fructueuses études à Paris. Yembi, revient à Ouagadougou dans le but de trouver un emploi, qui corresponde à son statut d’érudit en linguistique. Il va se démêler pour déposer plusieurs dossiers dans diverses institutions, afin d’augmenter ses chances. Il se rendra malheureusement compte du peu d’intérêt que le gouvernement accorde aux jeunes. Épaulé par son meilleur ami Denis, et toujours transporter par le vent de l’espoir, il s’obstine malgré tout, pour échouer dans un lycée, où il n’aura pas d’autre choix, que celui d’enseigner l’histoire-géographie. Ne dit-on pas que « la chèvre broute là où elle est attachée » ?
C’est un appel lancé au gouvernement, sur le mal que constitue le chômage. La souffrance du jeune Yembi est ainsi, savamment décortiquée par l’auteur. Pierre-Claver Ilboudo est donc un fin observateur, qui réussit à toucher la sensibilité du lecteur et même le révolter, devant la perte de valeurs comme celle de la méritocratie. Même si le romancier semble pousser la tragédie trop loin, ce dernier révèle le caractère opiniâtre, optimiste et motivé d’un jeune qui devient un modèle pour la jeunesse.
Par ailleurs, la narration crue, ne dénude pas l’histoire de son aspect esthétique. C’est par une chaîne d’événements entrecoupés de proverbes, maximes, expressions idiomatiques et contes, qu’Ilboudo apaise le tragique de son histoire. Une question reste pourtant en suspend après lecture de ce roman : compétence et détermination ne suffisent-ils plus pour trouver l’emploi voulu de nos jours ?