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Avant les romans La palabre stérile et Les aventures de Moni-Mambou qui vont connaître du succès entre 1979 et 1998, Guy Menga est déjà renommé pour ses premières productions, La marmite de Koka-Mbala, drame en deux actes, et L’Oracle, comédie en trois actes. Les deux pièces de théâtre sont d’abord éditées en 1967 par les éditions Clé, et rééditées en 2013 par la même maison d’édition. Ainsi, c’est au travers de 119 pages de consternation et de rires que l’écrivain et dramaturge abordent des sujets palpitants comme la « domination des vieux sur les jeunes » et les mœurs entourant le mariage et qui défavorisent les jeunes ».

Dans La marmite de Koka-Mbala, le décor est planté dans un royaume, celui de Koka-Mbala même. La pièce met en scène des adultes qui oppressent, par leurs lois, les jeunes, et massacrent même ceux-ci à leur gré. Ces actes barbares sont justifiés pour la plupart par une soi-disant volonté des ancêtres. Le féticheur du royaume, Bobolo, profite de la situation pour fabriquer une marmite d’esprits, attisant ainsi les tueries des plus jeunes. Ce conformisme aveugle en la tradition s’observe également dans la pièce L’Oracle.

Cette comédie, qui fait aussi bien rire que réfléchir, rappelle bien l’affirmation de Molière sur « Corriger les mœurs par le rire ». L’oracle dans celle pièce est incarné par un vieillard. Celui-ci, va intercepter le projet de mariage forcé de sa petite fille Louaka. L’autorité de son père, et la soumission de sa mère par rapport à son mariage ne lui laissera pas d’autres choix que celui de son grand-père, l’oracle de la famille. La pièce de Guy Menga est parsemée d'une multitude de thèmes parmi lesquels: l'oppression de la jeunesse, et le rôle de la femme africaine.

L’oppression se définit comme l’exercice d’un pouvoir autoritaire et abusif par un groupe de personnes ou une personne. C’est une tyrannie plutôt transparente dans les deux pièces de Guy Menga. L’on retrouve une société où la sagesse, l’opinion et l’autorité des plus vieux n’est pas remise en cause par les plus jeunes, la volonté des ancêtres, étant la base de leur choix. Ainsi, dans la première pièce La marmite de Koka-Mbala, devant l’inculpation du jeune Bitala par les notables et le féticheur Bobolo, le témoignage de l’accusé ne compte point. L’indignation de Bobolo, lorsque ce jeune fait son plaidoyer témoigne à suffisance de cela. La jeunesse se révèle être la tranche la moins considérée, et les vieux, les plus sage, comme le certifie un des notable dans la pièce en ces termes : « Majesté, la parole de Bobolo est celle d’un sage… »

La deuxième pièce, L’Oracle, présente une situation d’oppression pareille à celle de la première. C’est une jeunesse dont les doléances et les préoccupations comptent pour peu. Louaka incarne bien cette jeunesse. Malgré son désir de poursuivre ses études, elle se voit imposer un mari par son père Biyoki. Il ne mâche alors pas ses mots quand il affirme : »Tu n’iras plus à l’école, et c’est la décision que j’ai prise ».

Le rôle de la femme dans la société africaine en générale et congolaise en particulier, ne manque pas d’être soulevé. Elle est toujours reléguée au second plan, se trouvant uniquement dans un ensemble d’activités qui ne la mettent jamais en avant. Elle ne doit rien dire, comme nous l’explique le rôle de Lemba dans La marmite de Koka-Mbala. Cette femme, qui à cause du regard social, a décidé de se rabaisser d’elle-même pour se conformer à ce qui est dit d’elle « Mon roi peut-il oublier un instant que je ne suis qu’une pauvre femme… »

Cette marginalisation du deuxième sexe s’observe également dans L’Oracle, où l’opinion de Louvouézo dans le mariage de sa propre fille ne vaut rien. Son mari ne fait que l’informer. Il ne manque pas de limiter la femme à ce qu’elle fait, et la qualifie d’esclave dans ces propos : »…pas besoin de savoir lire, écrire et calculer pour arriver à laver la vaisselle à cuisiner un bon plat de viande ou de poisson… » sans oublier « La femme demeure l’esclave de l’homme et lui doit obéissance et soumission totale ».

Le dramaturge ressent donc un besoin de sensibiliser sur la position occupée par la femme dans la société africaine. Guy Menga, donne un élément de réponse à ce problème, par la suite favorable qu’il accorde à Lemba. Elle s’impose à la fin de la pièce, et s’exprime librement, montrant ainsi que la femme met elle-même en marche, le processus pour sa libération.

C'est donc un plaidoyer en faveur de la jeunesse et la femme. Un donné à lire et méditer, pour que la marginalisation cesse.

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